Étape 2 : Sensibilisation

Doit-on prendre l'intimidation au sérieux?


L’intimidation est douloureuse et dommageable et peut mettre en danger la vie des jeunes. Ses effets peuvent perdurer bien au-delà de l’enfance. On reconnaît aujourd’hui qu’il s’agit d’une forme d’agression destructive qui a un effet néfaste sur les élèves de tous âges, incluant les élèves intimidés, les élèves qui intimident les autres et les élèves qui sont témoins d’intimidation. L’intimidation peut avoir des effets profonds et durables sur toutes les personnes concernées.

… sur les personnes intimidées


On constate une grande diversité de réactions chez les enfants et les jeunes qui se font intimider; dans bien des cas, les répercussions de l’intimidation sont très graves. Ces jeunes personnes courent le risque élevé d’adopter des comportements négatifs pendant leur jeunesse et à l’âge adulte.

Tragiquement, l’intimidation peut interrompre le développement sain de l’enfant, miner sa confiance en soi et son estime de soi. Les chercheurs ont établi un lien entre l’intimidation et bon nombre de problèmes physiques et psychologiques, dont les suivants :
  • difficultés à l’école, absences répétées et décrochage scolaire
  • difficultés à forger des relations saines et désengagement social extrême
  • maladies physiques chroniques et troubles du sommeil
  • problèmes de dépendance, y compris troubles de l’alimentation et toxicomanie
  • comportements autodestructeurs, agression et violence
  • dépression chronique, pensées suicidaires, tentatives de suicide et suicide
Pour tenter d’éviter la situation, certains élèves intimidés peuvent s’absenter de l’école ou changer de chemin pour se rendre à l’école et rentrer à la maison pour ne pas rencontrer la personne qui les intimide. Certains autres mentent et volent pour se plier aux exigences des personnes qui les intimident.

Parfois, le chevauchement de facteurs amplifie les répercussions négatives de l’intimidation. Par exemple, des études ont fait le lien entre l’intimidation homophobe et une panoplie de problèmes physiques et psychologiques qui perdurent. Par ailleurs, la personne qui, à la fois, se fait intimider et en intimide une autre semble souffrir des effets les plus graves.

Malheureusement, la personne intimidée a souvent de la difficulté à se débarrasser de son étiquette de victime une fois qu’elle lui a été collée, ce qui aggrave le problème. Les autres se moquent d’elle ou l’insultent lorsqu’elle travaille en groupe. On la choisit souvent en dernier dans les équipes ou on l’ignore complètement dans les projets de groupes ou les excursions scolaires. Elle peut être impliquée dans des batailles et accusée d’être l’instigatrice, même si ce n’est pas le cas. Plus on l’exclut, plus elle est isolée, plus elle souffre d’insécurité, augmentant ainsi son risque d’être intimidée plus souvent et par d’autres personnes. En fait, elle peut traîner ce problème tout au long de sa jeunesse et même plus tard à l’âge adulte. Les jeunes ont souvent peur que la situation s’aggrave s’ils demandent de l’aide. Ils sont fréquemment angoissés et désespérés, croyant qu’ils ne peuvent rien faire pour remédier à la situation, même s’ils en parlent. Leurs sentiments de honte et de culpabilité liés à l’intimidation et à leur incapacité de la prévenir peuvent les pousser encore plus à garder le secret et à s’effacer. Par conséquent, en essayant de cacher leur problème, les personnes intimidées peuvent souffrir davantage et devenir de plus en plus isolées et exclues renforçant ainsi la « loi du silence » qui contribue à faire persister l’intimidation.

… sur les témoins


Bien qu’on traite rarement de cette question, l’intimidation a aussi des effets néfastes sur les témoins. Ces élèves sont souvent impressionnés ou stimulés par ce qui est en train de se passer, observent passivement ce qui se passe, ou même appuient l’élève qui agresse les autres. Les témoins peuvent s’identifier à cet élève, ce qui les amène à « blâmer la victime ». C’est ainsi qu’ils arrivent à justifier leur action ou leur inaction.

D’autres sont malheureux et n’aiment pas l’intimidation, mais ont l’impression de ne pouvoir rien faire pour la faire cesser. Parfois, les témoins ont le sentiment que leur décision de ne pas intervenir les rend coupables d’échecs implicites.

Le manque de soutien des adultes, présumé ou réel, et l’absence d’un modèle positif peuvent amener les témoins à tirer la conclusion que les personnes qui ont du pouvoir ont le droit d’agresser les autres et que leurs gestes leur procurent une meilleure position sociale. Certains témoins pourraient même en venir à afficher le même comportement antisocial.

Chez de nombreux témoins d’actes d’intimidation, l’expérience engendre de la tristesse, de l’anxiété et de l’angoisse. Ces élèves peuvent avoir le sentiment que le monde n’est pas un endroit sûr pour personne. Cela peut grandement influencer leur capacité de concentration et d’apprentissage. À l’âge adulte, ils sont souvent rongés par les remords et éprouvent un sentiment d’impuissance.

… sur les personnes qui intimident les autres


Les jeunes qui intimident les autres adoptent souvent diverses formes de comportements antisociaux : port d’armes, tendance à vouloir se battre, vandalisme, vol à l’étalage, école buissonnière, décrochage et consommation de drogues et d’alcool. Les racines semblent profondes et étendues, comme en témoigne le fait que ces jeunes sont aussi plus susceptibles d’avoir toutes sortes de problèmes tout au long de leur vie.

Selon une étude, les élèves qui affichent un comportement agressif à un jeune âge ont tendance à continuer dans la même voie et peuvent devenir des adultes violents. L’intimidation a été liée à tout un éventail de problèmes sociaux à long terme : difficulté à garder un emploi, dépendance à l’alcool ou aux drogues et divorce. Le désir d’infliger du mal à une personne témoigne clairement de l’existence de problèmes sociaux et psychologiques qui nuisent au bien-être actuel et futur et à la santé d’une jeune personne.

En réalité, l’intimidation a un effet dévastateur sur l’ensemble du milieu scolaire, y compris sur l’élève qui intimide les autres. Certaines jeunes personnes qui ont recours à l’intimidation ont adopté des attitudes et des comportements qui minent leur capacité de collaborer et de s’intégrer à un groupe d’élèves et de respecter les différences et les droits des autres. Cela peut nuire à leur capacité d’établir des relations saines, égalitaires et respectueuses dans divers contextes tout au long de leur vie.

Remarque : Les références pour les renseignements fournis dans la présente section se trouvent dans le guide sur la prévention de l’intimidation destiné au personnel enseignant élaboré par le COPA et la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, intitulé : Établir des milieux scolaires sécuritaires : Guide sur la prévention de l’intimidation destiné au personnel enseignant.