Comment intervenir en tant que membre du personnel enseignant?
SCÉNARIO : En vous rendant au salon du personnel, vous voyez les élèves 1 et 2 se moquer de l’élève 3 alors que d’autres élèves observent la scène. L’élève 1 se moque de l’élève 3 en proférant des insultes homophobes. Vous en avez assez.
Votre réaction n’est pas inhabituelle. Vous pensez peut-être bien faire en réunissant les élèves et en leur demandant de régler leurs différents. Vous vous dites que la personne ciblée aura peut-être la chance de donner son point de vue.
Or, dans cette situation, on a un déséquilibre de pouvoir et l’intention de faire du mal. Il est important de savoir que l’élève 3 ne se sentira peut-être pas en sécurité si on le force à s’asseoir avec l’élève 1 et 2. Il n’y a pas deux côtés de la médaille à examiner ici.
Il est important de travailler avec les témoins aussi. Avec le soutien des adultes, et lorsqu’elles et ils peuvent le faire en toute sécurité, bon nombre d’élèves vont choisir de devenir des alliées ou des alliés.
2Vous interrompez l’incident d’intimidation immédiatement devant tout le monde en disant que vous n’aimez pas ce que vous entendez. Vous voyez bien qu’il s’agit d’intimidation. Vous allez parler à chaque élève à ce sujet – chaque élève qui se trouve dans le couloir.
Vous transmettez le message à tous les élèves que ce type de langage et de comportement n’est pas acceptable. Les élèves entendent des insultes homophobes plusieurs fois par jour. De nombreux adultes et élèves ont le sentiment de ne pas pouvoir mettre un frein à ce genre de langage. Lorsqu’un personne adulte dénonce publiquement ce genre de langage, le nomme pour ce qu’il est, c’est-à-dire, de l’intimidation et fait un suivi, elle montre clairement qu’elle prend cette forme d’intimidation au sérieux.
En agissant de la sorte, on implique tous les élèves présents et on interrompt ainsi le cycle de violence. Il est fort probable qu’en intervenant constamment, au fil du temps, les injures homophobes diminueront et que cette forme d’intimidation sera moins répandue.
Il est possible que de nombreux témoins essaient de peine et misère de trouver le moyen de faire cesser ce type d’intimidation, mais ont peur de le faire, ou n’ont pas les outils pour le faire. Il est essentiel de déterminer qui joue quel rôle et qui est susceptible de devenir un.e allié.e. Il ne serait pas étonnant d’apprendre que de nombreux témoins s’inquiètent probablement des conséquences possibles.
3Vous décidez de régler ce problème en lançant une activité à l’échelle de l’école. Vous rencontrez le personnel administratif et le comité de lutte contre l’intimidation pour étudier le problème de l’homophobie.
Ce choix implique que l’école entière participe à un nouvel apprentissage et que l’on dise publiquement que l’on tient à renforcer le respect des différences, l’équité et l’inclusion.
On maximise les ressources de l’école pour faire en sorte que ce type d’intimidation ne se répète plus.
On ne règle pas le comportement sur le champ. On n’offre pas de soutien à l’élève 3. On ne responsabilise pas les élèves 1 et 2. Les témoins ne se rendent pas compte que les adultes sont décontenancés. Elles et ils ne penseront pas pouvoir agir comme allié(e)s, ni que vous (et les autres personnes-ressources adultes) pourrez intervenir.
✓Explication de la réponse recommandée.
Réponse recommandée et explication : Les deuxième et troisième réponses sont celles que l’on recommande. Les deux comprennent des éléments importants d’une réaction efficace dans une situation d’intimidation. La deuxième réponse constitue un premier pas crucial. Il est essentiel de parler à tous les élèves impliqués dans une situation d’intimidation pour assurer la sécurité de l’élève qui se fait intimider, permettre aux élèves qui l’intimident ou appuient l’intimidation d’assumer la responsabilité de leur geste et fournir des aptitudes et du soutien aux témoins qui souhaitent devenir des alliées et alliés Sans ce genre d’intervention approfondie, complète et efficace, les messages transmis à l’ensemble de l’école sonneront faux. En même temps, la troisième réponse constitue également une étape cruciale pour prévenir l’intimidation à long terme. La prévention de l’intimidation n’est possible qu’en menant des activités visant à développer un climat scolaire qui respecte et accepte les différences et rejette l’intimidation. (La première réponse pourrait avoir des répercussions néfastes, voire dangereuses pour l’élève ciblé, car il s’agit d’une stratégie de résolution de conflit, une approche inefficace lorsqu’elle est appliquée dans une situation d’intimidation.)
Remarque : Pour en savoir plus sur le changement systémique engageant l’ensemble de l’école et sur les façons de traiter des problèmes liés à l’équité et l’inclusion, voir les modules 8, 9 et 10.