ÉTAPE 2 : SENSIBILISATION

Qui est impliqué?


Les élèves qui se font intimider peuvent se sentir très isolés. En réalité, toute situation d’intimidation implique de nombreuses personnes.

Le pouvoir des témoins


Le pouvoir de la personne qui se livre à des actes d’intimidation est profondément influencé et peut être atténué par les actions ou le manque d’action des témoins. Cette personne mise sur le fait que les témoins – les gens qui sont présents ou qui sont au courant de l’intimidation - ne feront rien pour aider la personne intimidée et vont plutôt appuyer ses comportements. Elle puise donc son pouvoir à même la peur ou la complicité des témoins qui gardent le silence.

L’isolement de l’élève ciblé augmente le pouvoir de l’élève qui l’intimide. Cet isolement peut être diminué ou intensifié par les personnes-ressources adultes (et souvent les jeunes) qui ont la capacité de devenir une source de soutien et d’aide pour l’élève intimidé. Lorsque les jeunes présument que les adultes qui les entourent ne les croiront pas ou ne voudront pas ou ne pourront pas les aider, il est peu probable qu’elles ou ils demandent de l’aide. Dans un tel contexte, les élèves qui intimident les autres peuvent le faire en toute impunité, sachant que leurs actes resteront secrets.

Chacune de ces parties a le pouvoir d’influencer la situation pour le meilleur ou pour le pire et un choix à faire quant au rôle qu’elle va jouer. En même temps, de nombreux facteurs influencent la décision des témoins et des personnes-ressources de maximiser leur potentiel d’apporter des changements positifs et, le cas échéant, comment ils s’y prendront.

Devenir une alliée ou un allié


De nombreux adultes qui ont été témoins d’actes d’intimidation alors qu’ils étaient à l’école nous ont parlé de l’anxiété et de la culpabilité ressenties dans ces situations. Nous pouvons donc conclure que bon nombre d’élèves n’aiment pas être témoins d’actes d’intimidation et veulent les faire cesser.

La majorité des élèves n’intimident pas les autres et ne sont pas intimidés. Ce sont les témoins et les allié.e.s. À ce titre, ces jeunes possèdent l’immense pouvoir – dans bien des cas inexploité – d’influencer positivement le climat scolaire. Dans 85 % des cas, l'intimidation se produit devant des témoins. Les recherches menées au Canada démontrent que l’intervention des élèves témoins se termine dans plus de la moitié des cas par l'arrêt de l'intimidation. En effet, dans plus de la moitié des cas, lorsque les témoins interviennent, l'intimidation s'arrête dans les dix secondes. S’ajoute à ce pouvoir la capacité souvent négligée des élèves de s’entraider et de bénéficier du soutien des pairs. En tant qu’enseignantes et enseignants, nous pouvons jouer un important rôle pour aider nos élèves à reconnaître leur pouvoir, développer leurs compétences et trouver le courage d’interrompre l’intimidation.

Pour créer un climat scolaire sain, nous pouvons proposer aux élèves des façons sécuritaires et simples d’agir selon leur conscience en présence d’injustice. Si on enseigne aux élèves les compétences nécessaires et les façons sécuritaires de soutenir leurs pairs qui se font intimider, la plupart se sentiront mieux équipés pour intervenir. Les élèves deviennent alors des allié.e.s. Favoriser la capacité et l’engagement des élèves à devenir des allié.e.s constitue un élément essentiel de la prévention de l’intimidation.

En même temps, il est important que nos élèves sachent qu’ils ont le choix d’intervenir ou non et que leurs préoccupations pour leur propre sécurité sont également valides. En tant qu’enseignantes et enseignants, nous sommes responsables d’assurer que les élèves peuvent intervenir et dire ce qu’ils pensent tout en restant en sécurité. Les allié.e.s peuvent éviter de donner du pouvoir à l’élève qui intimide l’autre en :
  • montrant leur appui à l’élève intimidé (en l’épaulant par des gestes ou paroles);
  • refusant de rire avec les autres ou de regarder les actes d’intimidation et en quittant la scène;
  • demandant l’aide d’ami.e.s ou d’adultes.
Il est important de ne pas se fâcher contre les élèves ou de montrer que l’on est déçu s’ils n’embrassent pas le rôle d’allié.e.s. On peut plutôt explorer la situation afin de les aider à comprendre les répercussions de leur intervention (ou du manque d’intervention) et à développer leurs compétences. La clé est de garder les lignes de communication ouvertes. En reconnaissant et en validant leurs peurs et leurs inquiétudes quant à leur sécurité et en leur offrant le soutien dont ils ont besoin, on les encourage à jouer ce rôle. Il n’est jamais trop tard pour que les élèves mettent ces compétences en pratique.

Bien des élèves sont capables de poser des petits gestes de courage et de gentillesse qui peuvent contribuer à créer un milieu sain à l’école. En tant qu’adultes, nous avons la responsabilité de fournir un soutien efficace et d’assurer la sécurité des élèves qui ont le courage d’agir comme allié.e.s.

Adultes au soutien des jeunes


Sans le soutien continu des adultes de la communauté scolaire, il est impossible de prévenir l’intimidation dans une école. Ces personnes sont les principaux catalyseurs capables d’effectuer les changements essentiels dans le climat scolaire qui permettent aux élèves témoins d’intimidation d’avoir le courage de désamorcer la situation et de se porter à la défense des droits. Les membres du personnel enseignant peuvent jouer un rôle crucial pour aider les élèves à développer des relations sociales saines.

Les élèves nous observent constamment. Notre propre tolérance à l’égard des comportements inappropriés se reflétera dans leurs attitudes. Nous envoyons un message clair lorsque nous posons un geste pour interrompre toute forme de comportements inappropriés, lorsque nous les voyons, et de paroles malveillantes, lorsque nous les entendons. Même si ces gestes ou paroles ne dégénèrent pas en intimidation, ils contribuent quand même à l’établissement du climat scolaire. Grâce à notre engagement constant et constructif et à l’exemple que nous donnons, nous pouvons réduire l’intimidation.

Notre engagement – qui se manifeste en donnant constamment le bon exemple, en ayant recours à des interventions fondées sur la prise en charge visant à mettre fin à des situations d’intimidation, et en offrant un soutien sensible et constant à tous les élèves – se révèle indispensable à la prévention de l’intimidation.